Accueil A la une Les investisseurs attendent un peu plus que des déclarations d’intention : Le patronat dans l’expectative

Les investisseurs attendent un peu plus que des déclarations d’intention : Le patronat dans l’expectative

«L’urgence est de rétablir la confiance et d’entamer la mise en œuvre des grandes réformes que le monde économique réclame depuis plusieurs années»

Avant le 25 juillet, les économistes, les investisseurs étrangers et les hommes d’affaires tunisiens fustigeaient un climat des affaires délétère, marqué, selon eux, par l’insuffisance du soutien de l’Etat, un code d’investissement rigide, des lois votées et jamais appliquées (comme le Partenariat publicprivé) et, en prime, «un harcèlement fiscal»
Toutefois, les événements survenus le 25 du mois dernier et les décisions qui ont suivi ont suscité l’espoir chez les Tunisiens, comme le montre d’ailleurs le dernier sondage Sigma publié par le journal Le Maghreb, hier. En effet, pour la première fois depuis 6 ans, les Tunisiens sondés pensent à 77%, que le pays est sur la bonne voie. Mais qu’en pensent les acteurs de l’économie et en premier lieu le patronat, représenté notamment par l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) ?

L’urgence est de rétablir la confiance

Contacté par le journal La Presse, Hichem Elloumi, viceprésident de l’Utica, est plutôt dans l’expectative et ne souhaite nullement céder facilement à un optimisme candide. Elloumi reconnaît volontiers que le patronat a « positivement» accueilli les décisions du Chef de l’Etat du 25 juillet 2021, mais en bon homme d’affaires, il reste tout de même prudent. «Nous attendons la nomination d’un Chef de gouvernement, d’une équipe gouvernementale et l’annonce d’une feuille de route », note sobrement Hichem Elloumi. Selon le numéro 2 de l’Utica, les hommes d’affaires attendent la suite des événements. «Nous nous attendons à la publication d’une feuille de route qui sera, certes, principalement politique, mais il y sera très certainement question d’économie», préciset-il.
Pour Hichem Elloumi, le retour de l’investissement dépendra particulièrement du degré de visibilité et de stabilité politique. «L’urgence est de rétablir la confiance et d’entamer la mise en œuvre des grandes réformes que le monde économique réclame depuis plusieurs années», résume le patron d’un groupe mondial spécialisé dans la conception, la fabrication et la vente de câbles et de fils automobiles. M.Elloumi précise au passage que l’Utica fait confiance au Chef de l’Etat.

Instabilité des dispositifs fiscaux

L’expert économique Moez Joudi partage également la même vision. Joint par La Presse, il rappelle que La Kasbah, siège du gouvernement, actuellement encerclé par les blindés, est le centre d’où émanent les décisions administratives en mesure de simplifier la vie aux entrepreneurs, d’où l’urgence de nommer un gouvernement. «Même lorsque l’administration fonctionne, elle est souvent en deçà des attentes des investisseurs, note l’économiste. Figurez-vous qu’en moyenne, il faut 3 mois pour créer une simple société à responsabilité limitée (Sarl). C’est énorme ! »
Moez Joudi pense, par ailleurs, qu’au lendemain du 25 juillet, deux aspects importants pour l’économie et le climat des affaires ont positivement évolué: «L’aspect sécuritaire — qui devra toutefois être consolidé — et la lutte contre la corruption et la contrebande, dont nous voyons les prémices depuis le 25 juillet 2021».
«Or, sur d’autres critères, poursuit l’économiste, importants aux yeux des investisseurs et des agences de notation, beaucoup de travail reste à faire, notamment en termes d’infrastructures». Il faut s’avoir que dans plusieurs régions du pays, il reste compliqué de se connecter sur internet, s’étonne M. Joudi. Volet fiscalité, l’expert pointe du doigt la multiplicité et l’instabilité des dispositifs fiscaux.
Saluées par une majorité de Tunisiens et par un certain establishment économique et syndical, les décisions du 25 juillet devront être suivies de véritables actions capables de desserrer l’étau sur l’investissement. Problème, si le Président de la République s’est avéré être un fin politique, il n’est pas tout à fait à l’aise sur les thématiques économiques. Nommer au plus vite un gouvernement avec à sa tête une compétence économique serait le meilleur moyen pour combler ses lacunes.

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